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LES ENJEUX ET PERSPECTIVES DE LA PROTECTION DE L'ENFANCE EN 2024

Article rédigé par Philippe Gestin, sociologue spécialisé en protection de l’enfance, consultant en accompagnement Qualité, formateur AGEVAL Formations.

A l’heure où le dispositif de protection de l’enfance est en tension, nous proposons de dresser le bilan des transformations législatives de ces dernières années pour ce secteur et de revenir sur ses principaux enjeux.

Mais avant cela, accordons-nous un petit rappel historique.
La question de la protection de l’enfance est ancienne dans notre droit.
Dès 1793, une loi est adoptée pour garantir le droit au secours en emportant avec elle l’obligation de secourir les enfants abandonnés. Plusieurs lois suivront sur la protection judiciaire de l’enfance maltraitée (1889), sur la répression des violences (1898), sur les tribunaux pour enfants (1912) avant que l’Assistance Publique ne devienne l’Aide Sociale à l’Enfance – ou ASE – en 1956.

Avant cette date fondatrice de l’ASE, il résulte des alinéas 10 et 11 du Préambule de la Constitution de 1946 une exigence de protection au regard de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Cette exigence sera réaffirmée par les articles 3 et 20 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) adoptée le 20 novembre 1989.

La puissance publique instaure ensuite des principes généraux avec la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant, qui « vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation, dans le respect de ses droits » (art. L.112-3 du CASF).
Plus encore, le Conseil d’Etat attache désormais cette protection à l’âge et à des garanties nécessaires afin de protéger des personnes mineures, pour ne pas indûment les considérer comme majeures (CE 5 février 2020 n° 428478B).
Cette protection s’accompagne de moyens et comprend des actions de prévention en faveur de l’enfant et de ses parents, une gestion des situations de risques et de danger, un recours aux décisions administratives et judiciaires, des prises en charge partielles ou totales de l’enfant.

Si la nécessité de protéger l’enfant s’est construite progressivement au cours des derniers siècles, ces évolutions n’en sont pas pour autant terminées.
Nous le verrons par la suite, pas moins de 3 lois sont intervenues depuis 2007 pour contribuer à façonner ce secteur décidément en constante structuration.
Et cela peut poser des difficultés aux professionnels :

  • – comment appréhender le contenu de ces réglementations successives et les mettre en oeuvre ?
  • – quels sont les enjeux et les perspectives qui orientent l’évolution de la protection de l’enfance ?

Pour répondre à ces questionnements, notre article dédié vous guide en 4 points :

  • 1. le rôle de la protection de l’enfance ;
  • 2. le renforcement continu de la protection de l’enfance par le législateur ;
  • 3. le point sur la protection de l’enfance aujourd’hui ;
  • 4. la démarche qualité et gestion des risque en protection de l’enfance.

Sans plus attendre, embarquons au coeur de la protection de l’enfance, de sa réglementation et des réponses à apporter aux problématiques rencontrées sur le terrain.

Le rôle de la protection de l’enfance

Le rôle de la protection de l’enfance est de considérer au moins trois aspects essentiels :

  • – l’intérêt supérieur de l’enfant ;
  • – la prise en compte de ses besoins fondamentaux (physiques, intellectuels, sociaux et affectifs) ;
  • – le respect de ses droits dans l’exercice des décisions le concernant.

A cet égard, le droit français précise que des modalités de mise en oeuvre pour l’enfant ou le jeune majeur (de moins de vingt et un ans) doivent être adaptées à chaque situation et objectivées par des visites impératives au sein des lieux de vie, en leur présence.
Ces modalités devront également s’appuyer sur les ressources de la famille et de l’environnement de l’enfant ou du jeune.
Cette approche française laisse a priori une place importante à la prévention avec la prise en compte des difficultés auxquelles les parents peuvent être confrontés dans l’exercice de leurs responsabilités. Toutefois, l’enfant est associé aux décisions qui le concernent selon son degré de maturité (art. L. 112-3 du CASF).
Nous verrons que l’actualité offre une image bien différente des intentions du législateur sur cette question de l’articulation entre prévention et judiciarisation.

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Le renforcement continu de la protection de l’enfance par les lois de 2007, de 2016 et de 2022

Au sein de cette architecture générale que nous venons de décrire, qu’ont apporté les trois lois majeures relatives à la protection de l’enfance, en 2007, 2016, 2022 ?
Nous pouvons d’ores et déjà souligner est qu’elles se sont inscrites dans une continuité, au sens où « le législateur est intervenu sans défaire ce qu’il avait précédemment construit » (Rapport d’information parlementaire, protection de l’enfance : mieux appliquer les lois pour mieux protéger, 5 juillet 2023).

Pour en savoir plus sur le contenu de chaque loi, cliquez sur les flèches descendantes ci-dessous.

La loi du 5 mars 2007, pour une prévention basée sur l’intérêt supérieur de l’enfant

La loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 adopte deux perspectives majeures :

  • la prévention des maltraitances en la plaçant sous l’autorité directe du président du Conseil Départemental ;
  • le recueil, le traitement et l’évaluation des informations préoccupantes (art. L 226-3 du CASF).

Dans cette logique de prévention basée sur l’intérêt supérieur de l’enfant, la prise en compte de ses besoins fondamentaux et le respect de ses droits, l’accompagnement va se diversifier pour mieux s’adapter à la situation vécue au sein de son entourage.
Pour cela, la loi intégrera les bonnes pratiques professionnelles antérieures en leur attribuant une base légale avec, par exemple, des mesures d’accompagnement en économie sociale et familiale ou d’aide à la gestion du budget familial.
Des modalités d’hébergement seront également définies : la possibilité d’accueil en urgence de mineurs pendant une durée trois jours sans l’accord des parents mais sous réserve de les informer ou d’en informer le procureur de la République, l’accueil de jour, l’accueil périodique ou modulable ou bien encore une Action Educative en Milieu Ouvert (AEMO) avec hébergement, dans des conditions très encadrées juridiquement.
Dans cette perspective, la notion d’évaluation des situations est affirmée et prendra toute sa place avec l’établissement d’un projet pour l’enfant – que la loi de 2016 va refonder pour une consistance et une cohérence renforcée – malheureusement insuffisamment mis en oeuvre comme nous le verrons plus avant.

Ce texte de 2007 légalise également les visites médiatisées dans un contexte accru de divorces et de séparations où l’objectif est avant tout d’assurer la continuité des liens de l’enfant avec ses deux parents.

Enfin, un renforcement des obligations de formation sur les questions de protection de l’enfance est prévu pour l’ensemble des personnels concernés (formation initiale et continue).

 

La loi du 14 mars 2016, garantie de la protection et de la stabilité dans le parcours des enfants et des jeunes

Neuf ans plus tard, la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant s’articule quant à elle autour de trois grandes orientations :

  • une meilleure prise en compte des besoins et des droits de l’enfant ;
  • l’amélioration du repérage et du suivi des situations de maltraitance, de danger ou du risque de danger ;
  • le développement de la prévention à tous les âges de l’enfance.

Et, si la loi de 2007 avait pour objectif de mieux prévenir, repérer et accompagner les enfants en danger, différents rapports témoignaient de la nécessité d’accomplir de nouveaux progrès, notamment en adoptant une nouvelle loi relative à la protection de l’enfant, une notion plus large que la seule protection de l’enfance historiquement attachée à l’ASE.

Ses enjeux majeurs sont les suivants :

        • lutter contre les importantes disparités territoriales – ce sont les départements qui mettent en oeuvre la protection de l’enfance – et le manque d’articulation entre les acteurs de la protection de l’enfance ;
        • prévenir les situations de maltraitance et mieux protéger les enfants en danger ;
        • éviter les ruptures dans les parcours en accompagnant mieux les sorties de l’ASE ;
        • développer la connaissance et l’observation en protection de l’enfance pour accroître les capacités de l’Etat et des départements à piloter et, enfin, évaluer les impacts des politiques et dispositifs mis en place depuis 2007.

C’est ainsi que la loi de 2016 va renouveler une philosophie de la protection de l’enfant, amorcée en 2007.
Concrètement, la loi va mieux prendre en compte les besoins de l’enfant et du jeune adulte en tentant de garantir la protection et la stabilité dans le parcours des enfants et jeunes concernés.

Pourquoi cet objectif ?
Il s’agit de favoriser le bien-être, d’éviter les ruptures et de favoriser la continuité et la fluidité des parcours à tous les âges (prévention périnatale, mission des centres parentaux et prévention spécialisée).

Comment atteindre cet objectif ?

      • Le repérage des risques par les cellules de recueil, de traitement et d’évaluation des informations préoccupantes (CRIP) est renforcé et un cadre national est fixé pour l’évaluation des informations préoccupantes.
        Un médecin référent est ainsi désigné pour la protection de l’enfance dans chaque département. Son rôle est de coordonner les différents acteurs entre les professionnels de la protection de l’enfance et ceux du secteur médical.
        Dans cette perspective, la notion de réévaluation de la situation de l’enfant ou du jeune devient logiquement une référence de bonne pratique pour mieux prendre en compte la diversité des situations, et notamment celles concernant les éléments relevant du milieu de vie de l’enfant.
        C’est ainsi que la loi développera plusieurs outils : la mobilisation des ressources environnementales en permettant le recours à des tiers, la prise en compte de la situation de délaissement parental pour aménager l’exercice de l’autorité parentale, la création d’une passerelle entre juge des enfants et juge aux affaires familiales, la valorisation du statut de pupille et enfin, la sécurisation de l’adoption simple.
      • Dans le cadre des jeunes adultes, l’accompagnement vers l’autonomie des jeunes confiés à l’ASE va être renforcé avec un ensemble de dispositions visant à mieux préparer les jeunes privés de soutien familial lorsqu’ils parviennent à l’âge adulte : projet d’accès à l’autonomie, poursuite de l’accompagnement ASE pendant l’année scolaire engagée, constitution d’un pécule versé au jeune à ses 18 ans (constitué par le versement de l’allocation scolaire sur un compte de la Caisse des Dépôts et de Consignations).
      • Enfin, s’agissant du pilotage de la protection de l’enfance – véritable problématique dans un pays où la mise en oeuvre dépend d’une centaine de département – la loi de 2016 verra l’Etat renforcer son rôle en matière d’animation et de régulation du secteur avec l’appui d’un Conseil National de la Protection de l’Enfance (CNPE).
        Elle renforce également les missions des Observatoires nationaux et départementaux de la protection de l’enfance (ODPE et ONPE).

 

La loi Taquet de 2022, pour une amélioration globale de la protection de l’enfance

Malgré les avancées des lois de 2007 et 2016, une nouvelle réforme de la politique de protection de l’enfance se produira suite aux problèmes soulevés à la suite d’enquêtes ou de témoignages d’anciens enfants placés à l’ASE.
Dans ce contexte, la loi Taquet du 7 février 2022 entend apporter une amélioration globale de la protection de l’enfance et vise, une nouvelle fois, à garantir le bien-être et la sécurité des enfants.
La loi Taquet s’est alors fixée plusieurs objectifs, parmi lesquels :

  • améliorer la situation des enfants placés et avant placement ;
  • mieux protéger les enfants contre les violences ;
  • valoriser le métier des assistants familiaux ;
  • mieux piloter la politique de protection de l’enfance ;
  • revoir les critères de répartition des mineurs non accompagnés.

Parmi les mesures significatives, cette loi interdit d’ici 2024 le placement à l’hôtel des mineurs et jeunes majeurs confiés à l’ASE, répondant ainsi à une forte préoccupation des professionnels.
Elle favorise le placement de l’enfant chez une personne de son entourage (famille, voisins ou amis connus) avant d’envisager son placement à l’ASE et interdit à terme la séparation des fratries (frères et sœurs), sauf si cela est contraire à l’intérêt de l’enfant.

Sur un autre registre, celui du développement de nouveaux liens sociaux, la loi se donne pour objectif de proposer une marraine ou un parrain et un mentor à chaque enfant accueilli à l’ASE.
Elle interdit par ailleurs la fin des sorties « sèches » de l’ASE à la majorité, en garantissant sous certaines conditions un accompagnement pour les 18-21 ans, financé par les départements et l’État. Dans cette perspective, la loi inscrit le principe d’un « droit au retour » à l’ASE des jeunes majeurs avant 21 ans.

Ces deux mesures ont pour but de corriger les effets des dispositions de la loi de 2016 qui avaient parfois eu pour conséquence de mieux préparer ces jeunes, lors de l’entretien dès 17 ans, à leur sortie de l’ASE dès 18 ans

Et si la loi de 2016 définissait les principes généraux de la protection de l’enfance, la loi de 2022 livre une définition de la maltraitance comme un des principes généraux guidant l’action sociale et médico-sociale.
Dans ce continuum, elle crée un référentiel national d’évaluation des informations préoccupantes, mis en oeuvre par la Haute Autorité de Santé (HAS) et généralisé sur l’ensemble des départements.
Sur ce registre de la protection, tout mineur victime de prostitution relève désormais du champ des missions de l’ASE afin de permettre son accompagnement.
De même, les services de protection maternelle et infantile (PMI) sont renforcés dans leur rôle d’acteur pivot en matière de santé publique.

Au plan professionnel, cette loi améliore également le métier d’assistant familial avec une rémunération minimale pour l’accueil d’un enfant dans un contexte de perte d’attractivité du secteur.
Elle garantit une qualité d’accueil auprès de ces assistants avec la création d’un fichier national des agréments des assistants familiaux afin de mieux contrôler ces derniers qui, après un retrait d’agrément, pourraient être tentés d’exercer dans plusieurs départements.

Enfin, la loi renforce – après la création du CNPE – le rôle de l’Etat qui, au-delà de sa compétence normative, exerce une nouvelle compétence de gouvernance nationale de la protection de l’enfance.
Elle passe en premier lieu par la mise en place expérimentale d’un Comité Départemental pour la Protection de l’Enfance » (CDPE), coprésidé par le président du Conseil départemental et le Préfet.
Ce comité réunira l’ensemble des acteurs locaux de la protection de l’enfance (département, État, autorité judiciaire, professionnels, caisses d’allocations familiales). L’objectif ainsi visé est d’articuler les différentes actions, de définir des orientations communes et de prendre des initiatives coordonnées, notamment en matière de prévention.
Ce renforcement des outils de pilotage et de gouvernance passe par la création du groupement d’intérêt public (GIP) France Enfance Protégée dont les missions concernent le Service National d’Accueil Téléphonique de l’Enfance en Danger (SNATED), l’adoption avec l’Agence Française d’Adoption (AFA) et le Conseil National de l’Adoption (CNA), le Conseil National de l’Accès aux Origines Personnelles (CNAOP), l’ONPE et le CNPE.

Pour mieux vous accompagner, AGEVAL vous propose un résumé des évolutions législatives récentes dans le domaine de la protection de l’enfance.
Cliquez ici pour ouvrir le document et le partager à vos équipes sur le terrain.

Le bilan de la protection de l’enfance aujourd’hui : une amélioration continue des dispositifs, mais une mise en oeuvre délicate sur le terrain

Quel bilan pouvons-nous dresser des évolutions législatives de ces dernières années ?
Un rapport d’information parlementaire sur l’application des lois relatives à la protection de l’enfance du 5 juillet 2023 apporte des éléments de réflexion sur la situation actuelle de la politique publique relative à la protection de l’enfance en France.
Ce rapport dresse en effet le bilan des lois de 2007, 2016 et 2002 sur la protection de l’enfance.
Et s’il reconnait une certaine logique poursuivie et une cohérence dans la volonté d’améliorer le dispositif global, il relève néanmoins des faiblesses dans la mise en oeuvre de la politique nationale.
Celles-ci proviennent entre autres des difficultés de mise en oeuvre effective des dispositions législatives et réglementaires tant au niveau national que départemental.

Plusieurs faiblesses sont ainsi mises en avant :

    • Ainsi, l’intervention judiciaire subsidiaire aux décisions administratives (prévention) n’a pas permis la déjudiciarisation visée du secteur de la protection de l’enfance.
      En 2021, 75 % des enfants confiés à l’ASE l’ont été sur décision judiciaire. Le rapport parle alors d’un héritage culturel français où il reste difficile « de se départir du recours au juge dans notre modèle français de l’assistance éducative ».
      La situation ne s’est guère améliorée depuis avec une augmentation très nette des placements judiciaires en raison de l’attention plus grande aux situations de danger, de l’explosion post-Covid des violences intrafamiliales, du phénomène des mineurs victimes de prostitution et de l’accueil en augmentation des Mineurs Non Accompagnés (MNA). Ces indications sont malgré tout à mettre au crédit de la protection de l’enfance dans sa capacité à repérer et traiter des situations de risques et de dangers.

 

    • Le constat est le même s’agissant de la priorité donnée par la loi Taquet à l’accueil de l’enfant par un membre de la famille ou un tiers digne de confiance en rendant obligatoire l’évaluation de cette option préalablement à tout placement judiciaire.
      Mais là encore, le rapport indique: « Plus d’un an après son introduction, cette disposition n’a pas été suivie d’effet ».
      Il en est de même concernant le principe selon lequel l’enfant est accueilli avec ses frères et soeurs car les auditions du rapporteur font ressortir « qu’il est encore très fréquent que les fratries soient séparées faute de place ».

 

    • La question de l’élaboration d’un projet pour l’enfant – clé de voute de l’accompagnement autour de son intérêt supérieur et de ses besoins fondamentaux – emporte les mêmes critiques. En 2019, « seuls 27 départements sur 83 interrogés par le ministère de la santé mettaient systématiquement en oeuvre un projet pour l’enfant ». Selon une autre enquête réalisée elle aussi en 2019 cette fois-ci pour le compte de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS), « un tiers des départements n’auraient pas encore mis en place ces entretiens ». Enfin, le rapport note que « parmi ceux qui ont pris des dispositions, seuls 35 % parviennent à organiser un entretien pour plus de trois quarts des enfants confiés ».

 

    • S’agissant de la proposition systématique d’un parrain et d’un mentor pour 377 000 enfants accompagnés par l’ASE – une mesure phare de la loi Taquet – le constat actuel est qu’au-delà de « la très bonne intention », des doutes s’installent désormais sur la capacité de réunir autant de parrains et de mentors pour l’ensemble des enfants et jeunes de l’ASE. En outre, le décret relatif aux modalités de mise en oeuvre du parrainage et du mentorat vient récemment d’être publié… deux ans après la loi !

 

    • D’autre part, note ce même rapport parlementaire, les moyens engagés par l’État quant à l’accompagnement des jeunes majeurs ne sont pas à la hauteur des enjeux et des difficultés vécues par les départements, notamment en raison de l’augmentation des accompagnements relatifs aux MNA. Par ailleurs, le « contrat engagement jeune » est insuffisant pour apporter une solution satisfaisante à tous les anciens mineurs protégés en difficulté comme a pu récemment le souligner le conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ).

 

    • S’agissant enfin de la gouvernance de la protection de l’enfance, alors même que tous les ODPE ne sont pas en place, la mise en oeuvre de manière expérimentale des CDPE, co-présidés par le président du département et le préfet concerne uniquement dix départements.

Cette évaluation globale intervient à un moment où, note le rapport, certains départements « négligent une mission qui ne peut être à la hauteur des enjeux sans une réelle volonté politique ».
Le rapport conclut par des préconisations, dans un contexte de difficultés pour le secteur de la protection de l’enfance où « l’application des dispositions législatives doit devenir la première ambition des conseils départementaux en protection de l’enfance ».

La démarche qualité au regard des enjeux de la protection de l’enfance

Dans ce contexte, le secteur de la protection de l’enfance a la réputation d’être méfiant quant aux pratiques managériales et gestionnaires.
Aussi, les obligations légales s’imposant au secteur quant à la démarche d’amélioration continue de la qualité a fait longtemps craindre une levée de bouclier des acteurs du secteur.

Contrairement aux idées reçues, et dès 2018, l’étude du sociologue Gérald Vanzeto souligne cependant que l’adoption d’une démarche qualité par les ESSMS favorise une meilleure inscription de ces derniers sur leur territoire, un meilleur partage des bonnes pratiques entre professionnels et une implication plus forte des enfants et de leurs entourages.
Une enquête plus étendue permettrait utilement un meilleur éclairage sur cette question.

En sera-t-il de même avec la mise en oeuvre de la nouvelle démarche d’évaluation de la qualité produite par la HAS ? Celle-ci n’est pas sans poser de questions à certains acteurs du secteur. Pour d’autres, elle s’inscrit dans une norme commune applicable à l’ensemble des ESSMS, avec l’avantage d’être plus structurée que l’ancienne démarche d’évaluation jugée anarchique par de nombreux évaluateurs et acteurs du secteur.